Bernard Lututala Mumpasi - Professor/researcher

Bernard Lututala Mumpasi - Professor/researcher

La régulation démographique en Afrique : pourquoi et pour qui ? (2013)

Chapter in Abdou Salam Fall (éditeur), Gouvernance et régulation internationale, Dakar : CODESRIA

 
Introduction

 

Peu avant leur accession à la souveraineté internationale et au lendemain de celle-ci,  l’Afrique et les autres régions du Tiers-Monde ont été soumises à une régulation internationale sur plusieurs aspects : prévention des guerres (l’Organisation des Nations Unies), intégration de leurs économies dans l’économie mondiale (le CNUCED), assistance pour les engager dans le processus de développement (le PNUD), appui économique, technique et financier pour l’élaboration de leurs stratégies de développement (le FMI et la Banque mondiale), pour ne citer que ceux-là.  Plus tard, d’autres  institutions furent créées pour réguler les échanges commerciaux ;  il s’agit notamment de l’Organisation Mondiale du Commerce, créée en 1995 pour « favoriser l’harmonie, l’équité, et la prévisibilité des échanges commerciaux » (OMC…).  Cependant, avec le temps, ces institutions et ces types de régulation sont devenus ou sont perçus comme des instruments d’un néo-colonialisme qui ne dit pas son nom, parce qu’elles assistent les grandes puissances et les entreprises multinationales à faire mains basses sur les ressources naturelles du continent, dont les ressources minières, étant donné, que les anciennes métropoles n’avaient plus, théoriquement, toute la marge de manœuvre voulue sur les richesses de leurs anciennes colonies devenues des Etats souverains.

Nous montrons, dans ce papier, que les questions démographiques ne sont pas restées en marge de cette régulation internationale, surtout en Afrique. En effet, la croissance de la population du Tiers-Monde en général et celle de l’Afrique en particulier a été considérée comme un problème dès le lendemain de la seconde guerre mondiale (Cussio 2005).  Ce « problème » a alors  suscité des analyses scientifiques solides pour en faire la démonstration, la création des institutions spécialisées, et celle des institutions de formation et de recherche démographiques, l’organisation de conférences internationales, l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et des programmes, dans le but avoué ou inavoué (Furedi 1997). (pas toujours car dans certains cas, ils ont été enrobés dans d’autres stratégies : lire à cet effet les travaux de Furedi) de faire face à la forte croissance démographique et aux défis socioéconomiques qu’elle occasionne, soit parce que ces défis sont communs à l’humanité toute entière, soit parce qu’il y a, semble-t-il, un souci d’aider les pays africains et d’autres pays du Tiers-Monde à se développer.

Mais plusieurs questions se posent. Comment en effet comprendre que tout en soumettant les pays africains à cette régulation pour, comme on vient de le montrer, favoriser leur développement, ces mêmes pays soient soumis à une exploitation et une dépendance économique et politique qui les maintiennent et même les plongent davantage dans le sous-développement ?  Comment comprendre que les « comportements pro-natalistes » des populations africaines soient soumis à une régulation afin d’en empêcher ou d’en limiter les dégâts sur l’exploitation forestière – que ces populations pratiquent pour l’agriculture ou pour se procurer les bois de chauffe, donc pour vivre, - et donc de garantir un développement durable, alors que les entreprises multinationales qui continuent à s’adonner à la déforestation, à la dégradation de l’environnement et au réchauffement de la planète ne sont pas frappées par une régulation de leur rythme de consommation ? Et qu’elles ne soient même pas sanctionnées pour leur « refus » de contribuer au fonds mondial mis en place pour prendre en charge les effets de cette dégradation de l’environnement ?  Comment comprendre que les migrations africaines vers les pays du Nord soient tantôt favorisées pour répondre aux besoins de ces pays en main-d’œuvre, tantôt décriées et régulées pour, semble-t-il, ne pas perturber les équilibres entre les populations d’accueil et leurs ressources ?

Nous essayons de répondre à ces interrogations en examinant d’abord les mécanismes qui sont utilisés pour réussir la régulation démographique ainsi que son bien fondé. Nous cherchons ensuite à comprendre si cette régulation démographique vise vraiment les intérêts des populations africaines ou si elle n’est qu’un instrument de plus de domination, d’exploitation et de marginalisation de ces populations.

 

Les mécanismes et les instances de la régulation démographique

 

La régulation démographique en Afrique est un fait qui remonte aux temps anciens, mais elle se faisait jadis sous des formes et pour des motifs différents de ceux d’aujourd’hui. En effet, autrefois, les jeunes étaient soumis à une initiation sexuelle pour les préparer à une sexualité responsable. Des méthodes contraceptives étaient prescrites par la société et utilisées par les couples pour espacer les naissances. On peut citer l’abstinence sexuelle imposée aux couples après un accouchement, et ce jusqu’à ce que l’enfant fasse ses premiers pas. Cette abstinence se pratiquait de plusieurs manières : séparation de lits par les conjoints, retour de la jeune mère chez ces parents pour y vivre momentanément, etc. L’allaitement maternel était un autre type de méthode contraceptive. Pratiqué par la quasi-totalité de mères, il occasionnait, sans que celles-ci ne le veuillent nécessairement, une aménorrhée post-partum. Le but de ces prescriptions et pratiques sociales était de permettre un espacement des naissances, un contrôle de la fécondité, en fait une régulation démographique, soit pour éviter des « grossesses de la honte », entendez les grossesses trop nombreuses ou trop rapprochées [1], soit pour permettre à l’enfant qui venait de naître de bien grandir. Aujourd’hui, ces pratiques sont jugées archaïques ; elles sont décriées et abandonnées au profit des méthodes de régulation modernes qui sont plutôt imposées de l’extérieur pour espacer ou limiter les naissances.

Pendant l’époque coloniale, les colonisateurs avaient mis en place d’autres mécanismes de régulation  pour s’assurer la disponibilité de la main-d’œuvre, sans laquelle il était impossible de réussir l’exploitation des ressources naturelles des colonies et l’industrialisation de celles-ci. En République Démocratique du Congo (RD Congo), par exemple, des mesures pro-natalistes furent prises pour favoriser la procréation d’enfants ; des passeports de mutation étaient imposés pour que les ruraux ne désertent pas leurs villages et donc leurs champs ; des recrutements et une migration forcés de la main-d’œuvre étaient opérés pour favoriser l’industrialisation et l’exploitation minière, mais selon la formule, aux premiers moments, de « travail migrant » (Lututala, 1987). Il s’agit là d’une régulation démographique pour des buts d’exploitation coloniale.

La régulation démographique se fait à plusieurs niveaux et par plusieurs instances. Le premier niveau est celui des individus, considérés comme étant les acteurs de la forte croissance démographique. En effet, les facteurs qui sous-tendent celle-ci sont connus. Il s’agit des comportements en matière de mariage, de procréation d’enfants, de soins de santé et de lutte contre les maladies, de risques liés à la mortalité (tels que les accidents de circulation), de changement de lieu de résidence. Ce sont ces comportements et leurs auteurs qui sont soumis à la régulation. A propos de la fécondité, ou la procréation d’enfants, il s’agit, selon la notion des variables intermédiaires,  de réguler l’exposition aux « risques » d’avoir des rapports sexuels, puis ceux de tomber enceinte, et enfin ceux de voir sa grossesse évoluer jusqu’à terme et à l’accouchement.  Le risque d’avoir des rapports sexuels dépend d’abord de l’environnement culturel et de son degré de permissivité (cf travaux de Foucault 1976 et de Delamater 1981), de certains comportements socioculturels, de la constitution physiologique, mais aussi de la pauvreté. Celui de tomber enceinte dépend principalement du non usage des méthodes contraceptives. Enfin, une alimentation équilibrée pendant la grossesse, l’accès aux soins obstétricaux et aux consultations prénatales, entre autres, permettent une bonne évolution de la grossesse jusqu’à son terme et à l’accouchement.

A ce niveau, la régulation démographique consiste à empêcher que les individus ne courent les risques d’avoir une progéniture nombreuse, ou à faire en sorte que ces risques soient minimisés ; ou pris en charge quand ils ne peuvent être évités. Cette régulation est d’abord suscitée, notamment par des campagnes de sensibilisation invitant à une sexualité responsable.  Il en résulte une demande en méthodes contraceptives qu’il faut satisfaire. La régulation est ensuite favorisée par la mise à la disposition des individus des moyens nécessaires pour minimiser ou prendre en charge les risques, pour satisfaire leurs demandes en méthodes contraceptives. Cette offre est apportée par plusieurs structures nationales et internationales. On peut citer ici le projet de marketing social de l’USAID, et les programmes d’intervention du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) pour l’opérationnalisation de cette régulation.

En effet, dans ses programmes d’intervention dans les différents pays qu’il couvre, l’UNFPA réserve une place centrale aux activités de la Santé de la reproduction (SR). Le Programme P2 (2002-2006) en RD Congo, par exemple,  avait pour but de «contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population congolaise par la réduction de la pauvreté  à travers l’amélioration de la santé de la reproduction et le renforcement des capacités d’action de la femme congolaise ainsi que par la prise en compte des questions de population dans la planification du développement durable » (RDC-UNFPA 2006).  La composante Santé de la reproduction de ce programme devait atteindre les résultats ci-après :

 

Résultat 1 : « Une disponibilité accrue des données et informations pour l’amélioration de la qualité des services de SR offerts, le suivi des indicateurs et l’évaluation du programme »

 

Résultat 2 : « Des capacités de gestion des structures techniques chargées de la mise en œuvre, du suivi et évaluation de la coordination du sous-programme renforcées »

 

Résultat  3 : « Des services et soins obstétricaux essentiels (y compris la PF et le post-partum, la prise en charge des IST), des soins gynéco-obstétricaux et néonatals d’urgence (y compris les soins post-abortum), des prestations appropriées d’IEC/SR/IST/VIH-SIDA offerts conformément aux normes et protocoles de SR dans les structures de santé de 7 provinces et aux personnes en uniforme »

 

Résultat 4 : « Un mécanisme de réponse rapide aux urgences pour la prise en charge des victimes de conflits et catastrophes est opérationnel au niveau central et provincial » (RDC-UNFPA, 2002).  

 

Plusieurs projets/activités ont été mis en œuvre  par rapport à ces résultats attendus : 1) des études d’analyse situationnelle et celles portant sur les mécanismes de surveillance des complications des avortements, ainsi que sur les audits des décès maternels, 2) la sensibilisation sur la santé de la reproduction, 3)  la formation en SGONU (soins gynéco-obstétricaux et néonatals d’urgence), et en prévention des infections en milieu des soins ; 4) la réhabilitation des infrastructures sanitaires ; 5) l’appui aux structures de santé ; et surtout 6) l’approvisionnement des structures en intrants/produits SR (condoms, pilules, stérilets, etc.). 

Le deuxième niveau de la régulation démographique est celui des instances internationales.  Celles-ci sont chargées de définir les agendas, c’est-à-dire de mettre en place le cadre technique, politique et juridique pour justifier cette régulation, et de réunir les moyens nécessaires pour assurer l’offre en méthodes contraceptives. Ces instances s’activent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale  à impliquer l’ensemble des pays du monde dans cette régulation. Dès 1946, les Nations Unies ont créé une Commission de la Population au sein du Conseil Economique et Social. Plusieurs institutions vont par la suite voir le jour pour mieux comprendre, et agir sur, les « problèmes de population » : citons l’IPPF (International Planned Parenthood Federation) et le Population Council créés par la Fondation Rockefeller en 1953 (Cussio 2005).  Durant les années 1050 et 1960, on assiste à la  création des institutions de formation et de recherche démographiques dans les grandes universités américaines et européennes puis, progressivement, à travers le monde, y compris, à partir des années 1970,  en Afrique. L’organisation des recensements et des grandes enquêtes mondiales [cas des enquêtes mondiales de la fécondité (EMF) et des enquêtes démographiques et de santé (EDS)] deviendra plus régulière et mieux financée. L’Assemblée générale des Nations Unies examinera pour la première fois les « problèmes de population » en 1962. Une agence de l’Organisation des Nations Unies spécialisées sur les questions de population (UNFPA) fut créée en 1967, mais toutes les autres agences du Système des Nations Unies se verront dotées des sections sur les questions de population (Cussio 2005).

La Banque mondiale a pris position en faveur de la régulation démographique dès 1961. A partir de 1980, dans la foulée des politiques d’ajustement structurel, elle a centré ses analyses démographiques sur les comportements et attitudes pro-natalistes en Afrique, et proposera un ajustement démographique pour tenir compte de la faible disponibilité des ressources. Mais pour Cusso (2005), il s’agissait de « victimiser » les comportements démographiques pour « contourner, du moins en partie, le débat politique sur l’adéquation des plans économiques (…) ou sur la situation de dépendance économique et politique de certains pays ».   

Des conférences internationales servent aussi d’instances pour mettre en place le cadre politique et juridique de la régulation, car c’est au cours de ces conférences que sont examinés et adoptés des Plans d’action qui sont opposables à tous les pays du monde.  L’annexe 1 présente les grandes conférences internationales qui se sont penchées sur la situation démographique dans le monde et les grandes décisions prises pour la réguler.

Ainsi, par exemple, au cours de la grande conférence internationale sur la population et le développement de 1994 au Caire (CIPD), un  Plan d’action a été adopté (PA/CIPD).  Il comporte deux grandes décisions.  La première est que les droits en matière de procréation ont été reconnus comme faisant partie des droits de l’Homme.  En d’autres termes, toute personne peut recourir,  si elle le désire,  aux méthodes pouvant lui permettre de limiter ses naissances, ou de les favoriser. Cette décision avait suscité l’ire des institutions religieuses, en commençant par le Vatican. La deuxième décision est que le concept de planification familiale a été  abandonné au profit de celui de la santé de la reproduction, celle-ci étant définie comme « le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement, et non pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités » (Article 7 du rapport de la Conférence Mondiale sur la Population et le Développement, Caire, 1994). Le concept de la santé de la reproduction suggère une parenté responsable, c’est-à-dire que les parents doivent avoir le nombre d’enfants qu’ils sont capables d’élever dans de meilleurs conditions et à qui ils peuvent assurer un bon niveau de vie. Il ne s’agit donc plus d’une simple limitation des naissances. La santé de la reproduction suggère par ailleurs, du moins sur le plan conceptuel, que la régulation démographique concerne aussi les couples qui n’ont pas d’enfants, notamment pour des raisons liées à des pathologies diverses, et à qui on doit apporter des soins appropriés pour pouvoir procréer. Depuis 1994, des conférences sont organisées tous les dix ans pour évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations du PA/CIPD (voir tableau annexe 1).

Signalons en passant que des structures régionales relayent, pour ainsi dire, les décisions des instances internationales. La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique a sa Division de Population, comme l’Amérique Latine a son CELADE (Centre Latino-américain de démographies) qui veillent à l’application de ces décisions. Des conférences régionales sont organisées pour préparer les conférences internationales.  Ainsi, dans le cadre des préparatifs de la CIPD, l’Afrique avait organisé à Dakar en 1993 sa Conférence régionale au cours de laquelle était adoptée la « Déclaration de Dakar-Ngor sur la Population et le Développement en Afrique ». Auparavant, un « Plan d’action de Kilimandjaro concernant la population africaine et le développement autonome » avait été adopté à la Conférence régionale d’Arusha dans le cadre du suivi de la Conférence de Bucarest et des préparatifs de celle de Mexico.

Le troisième niveau de la régulation démographique est celui des Etats, qui sont appelés à mettre en application les instructions des instances internationales [2], à travers les Politiques nationales de population (PNP) ou les Documents de stratégies pour la réduction de la pauvreté (DSRP).  Mais il existe aussi des programmes qui ont été développés par des ONG bien avant les politiques nationales de population : programmes sectoriels de santé, de logement, d’allocations familiales, qui ont une incidence possible sur le mouvement de la population mais qui n’ont pas été édictées dans une perspective démographique (Sala-Diakanda, 1988 et 1991 :38). Les PNP sont élaborées dans un grand nombre de pays africains depuis le Plan d’action de Kilimandjaro.  En effet, ce plan encourageait « l’élaboration et l’exécution des politiques démographiques intégrées qui permettent de trouver des solutions durables aux grands problèmes que sont la mortalité et la fécondité élevées » (Sala-Diakanda, 1988 et 1991 : 41).

Les Politiques nationales de population fixent, entre autres choses,  les objectifs démographiques à atteindre pour réguler les comportements démographiques. Le Burkina Faso, par exemple, reconnaît explicitement dans son Document de Politique Nationale de Population que  « c’est par une maîtrise de la croissance démographique et une valorisation active des ressources humaines que la population devient un puissant facteur de développement » ; que « la dégradation de l’environnement au Burkina Faso est l’une des conséquences de la croissance démographique rapide », etc.  Face à ce constat, un des objectifs de la Politique Nationale de Population du Burkina Faso est de faire passer le taux de prévalence contraceptive moderne de 6 % en 1998 à 19 % en 2015, notamment par i) le développement des services de contraception à base communautaire ; ii) la promotion du marketing social des produits  contraceptifs ; iii) la formation des prestataires en  techniques de contraception ; etc. (Burkina Faso, 2000).

Depuis quelques années, les Politiques nationales de population ne sont plus les seuls instruments nationaux utilisés pour réguler les comportements démographiques. Et ceci est certainement dû à leur bilan mitigé, lui-même résultant de leurs limites conceptuelles et opérationnelles (Ouedraogo 2008). En effet, les PNP ne souffrent pas seulement d’un problème d’efficience, mais aussi et surtout d’efficacité et de pertinence. Leur efficience est mise en mal par toute une litanie de facteurs « administratifs » : le manque de volonté politique ou d’appropriation nationale, l’insuffisance des moyens financiers,  la faiblesse de la planification et de la coordination des programmes, la mauvaise gestion des ressources, les difficultés méthodologiques dans le processus d’intégration des variables démographiques dans la planification (Ouedraogo, ibidem). Quant à l’efficacité et la pertinence, elles renvoient 1) à l’inadéquation des problèmes par rapport aux solutions et aux stratégies qui sont proposées, 2) au contexte de leur mise en œuvre, et 3) au rôle et à la responsabilité des acteurs (Ouedraogo, ibidem).

Les évidences scientifiques des interactions entre la population et le développement, et non seulement de l’impact négatif de la population sur le développement,  ont conduit à développer des outils qui tentent d’élargir les mécanismes de régulation : les questions de population sont maintenant intégrées dans les stratégies de développement, ou plutôt de lutte contre la pauvreté. Les Documents de Stratégies pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), qui sont devenus une conditionnalité pour bénéficier de l’aide au développement,   ne se limitent plus à proposer des stratégies pour parvenir à la croissance économique ; ils intègrent aussi les préoccupations démographiques [3]. Ainsi, par exemple, la maîtrise de la croissance démographique est une des orientations stratégiques retenues par le Bénin dans son Document de stratégies de croissance pour la réduction de la pauvreté. Et un des axes prioritaires de cette stratégie est la promotion d’une fécondité responsable à travers i) la réduction des grossesses précoces et tardives ; ii) l’augmentation de la prévalence contraceptive chez les femmes âgées de 15 à 49 ans ; iii) la réduction des mariages précoces (avant 20 ans) ; etc.  (Bénin, 2010).

 

La régulation démographique : pourquoi ?

 

Les liens entre la population et le développement sont toujours appréciés selon deux prismes théoriques qui sont loin de converger, de sorte que la question qui reste posée est celle de savoir ce qu’il faut réguler : les comportements démographiques ou le système de production des biens et services ? Pour Malthus et les néo-malthusiens, l’effectif de la population d’un pays peut constituer un frein au développement car, si rien n’est mis en place pour réguler sa croissance, celle-ci se fait à un rythme géométrique alors que la croissance économique se fait, elle, au rythme arithmétique. Il en résulte des défis tant au niveau micro qu’au niveau macro qu’il faut prendre en charge. Au niveau micro, les néo-malthusiens estiment qu’une progéniture trop nombreuse ne permet pas aux parents d’assurer à chacun des  enfants la qualité de vie nécessaire, une alimentation saine, des soins de santé adéquats, une bonne scolarisation, des logements décents.  Les enfants, et leurs parents, vivent alors dans une précarité qui peut avoir plusieurs conséquences. L’absence des soins de santé de qualité et d’une bonne alimentation peut réduire l’espérance de vie à la naissance. 

Au niveau macro, les néo-malthusiens constatent que l’effectif de la population évoluant nettement plus vite que celle des ressources, il s’ensuit une incapacité de l’économie à répondre aux besoins nettement plus nombreux de la population. L’Etat serait alors incapable de mettre en place les infrastructures nécessaires pour assurer à tous les citoyens les services sociaux de base.  Il ne peut non plus créer des emplois en nombre suffisant et a donc du mal à réaliser des investissements et à accroître les revenus nationaux. D’où l’appauvrissement de ces populations.

Il est vrai que l’Afrique est le continent où la croissance démographique est la plus élevée au monde (taux annuel moyen de 2.3 %). Avec un tel taux, la population africaine devrait doubler tous les  31  ans (temps de doublement calculé sur la base d’une hypothèse exponentielle), de sorte qu’on peut grossièrement imaginer que l’Afrique, dont la population a atteint un milliard d’habitants en 2011, comptera un peu plus de 2 milliards d’habitants d’ici à 2042. Cette forte croissance démographique est principalement le résultat d’une forte fécondité. Celle-ci se situerait actuellement à 4 enfants par femme en moyenne, alors que la moyenne au niveau mondial est de 2 enfants. En revanche, 8 enfants sur 100 meurent en Afrique avant leur premier anniversaire de naissance, et le nombre de femmes qui meurent en voulant donner la vie est là aussi le plus élevé au monde : 820 pour 100 000 naissances.

 

Tableau 1 : Quelques indicateurs démographiques d’Afrique et du Monde

 

Continent

Pop.

TAM

TU

ISF

TFA

TPC

TMI

EoF

TMM

TA

Monde

6829

1,2

50

2,54

52

55

46

70,2

400

20,6

Afrique

1009

2,3

40

4,52

103

22

80

55,8

820

45,3

Amérique Latine et Caraïbes

582

1,1

79

2,21

72

64

21

77,0

130

9,7

Amérique du Nord

348

1,0

82

2,03

34

69

6

81,7

-

0,2

Asie

4121

1,1

42

2,32

40

61

40

71,2

330

23,7

Europe

732

0,1

72

1,51

17

56

7

79,4

-

1

Océanie

35

1,3

71

2,43

28

59

22

79,1

430

7,6

 

Notes : POP : Population en millions d’habitants ; TAM : Taux d’accroissement annuel moyen 2005-2010 ; TU : Proportion (%) de la population urbaine ; ISF : Nombre moyen d’enfants par femme ; TFA : Taux de fécondité des adolescentes de 15-19 ans ; TPC : Taux de prévalence contraceptive (méthodes modernes) ; TMI : taux de mortalité infantile ; EoF : espérance de vie à la naissance des Femmes ; TMM : Taux de mortalité maternelle ; TA : taux d’analphabétisme des femmes de plus de 15 ans

 

Source : UNFPA, 2009, (http://www.unfpa.org/swp/2009/en/pdf/EN_SOWP09.pdf).

 

Près d’un enfant sur 10 meurt avant d’atteindre un an : ce taux traduit les difficultés qu’éprouvent les pays africains à assurer à tous les bébés les soins de santé nécessaires pour empêcher des décès précoces, avant  et après la grossesse.  En effet, pour l’essentiel, cette mortalité des enfants est largement imputable à la mortalité néo natale précoce.  Par ailleurs, il est scandaleux de constater que le nombre moyen d’années à vivre en Afrique ne représente que les 2/3 de celui observé en Amérique du Nord (56 ans contre 79 ans), et que la scolarisation universelle demeure un slogan, beaucoup d’enfants, surtout dans les zones rurales, n’étant pas inscrits à l’école, et près de la moitié (45 %) de femmes, pour ne considérer que ce cas, ne sachant toujours ni lire ni écrire (tableau 1).

Notons d’autres particularités de la démographie africaine.  En dépit du fait que l’Afrique a le taux de croissance démographique le plus élevé (2,3 %), son poids démographique dans le monde n’a jamais dépassé 20 % : il était de 10 % à l’an 0, puis de 19 % en l’an 1500 et est estimé actuellement à 15 %, soit 1/7ème de la population mondiale. Il apparaît donc que la forte croissance de la population africaine contraste avec son faible poids démographique dans le monde.  Elle contraste aussi avec une faible densité de la population, qui explique en partie le fait que les ressources naturelles ne soient pas suffisamment mises en valeur en Afrique. 

La forte croissance de la population africaine pose bien évidemment des défis importants : comment assurer, par exemple, à chaque enfant qui naît une bonne santé, une alimentation saine, une scolarisation adéquate et, plus tard, un logement décent, un emploi rémunérateur, un conjoint ?  Cette problématique génère des conséquences sociopolitiques qui peuvent compromettre la paix et le développement : les violences perpétrées par les jeunes au chômage,  la pénurie des cadres occasionnée par l’émigration des personnes d’âges actifs vers d’autres pays, le poids démographique de la population dite inactive (celle âgée de 0 à 20 ans et de plus de 60 ans), etc.  Pour Malthus et les néo-malthusiens, cette dynamique démographique crée une pression sur les ressources telle qu’elle conduit à un appauvrissement de la population.

L’autre particularité de la démographie africaine est la baisse des niveaux de  sa fécondité. En effet, en dépit des incertitudes qui sont liées à la qualité des données, mais surtout au manque de données longitudinales dans certains pays du continent où les enquêtes démographiques, entre autres sources de données, sont encore rares, il est établi que la fécondité en Afrique est en baisse.  Au Cameroun, par exemple, le nombre moyen d’enfants par femme est passé de  6.3 en 1978 à 5.2 à la fin des années 1990. Au Kenya, il est passé de 7.9 en 1978 à 4.7 à la fin des années 90 ; en Côte d’Ivoire, de  7.4 en 1980 à  5.7 en 1994 (Locoh 2003).  La forte fécondité de l’Afrique doit donc toujours être appréciée en rapport avec sa tendance actuelle à la baisse.  Et la théorie de la transition démographique permet d’envisager une poursuite de cette baisse jusqu’à des niveaux qui, conjugués avec une faible mortalité qui l’aura précédée, conduiront à une faible croissance démographique. Faut-il attribuer cette baisse  aux politiques de population, autrement dit à la régulation démographique stricto sensu,  ou au processus de développement en cours ?  Telle est la question !

Esther Boserup (1970) est parmi les auteurs qui s’opposent au malthusianisme. Elle considère la croissance démographique comme un facteur déterminant des changements technologiques dans l’agriculture. Pour elle, la forte densité démographique, qui est une des conséquences de la croissance démographique, favorise la division du travail, une meilleure productivité,  et à termes une augmentation de la production et une croissance économique.  La population n’est donc pas toujours un frein au développement, elle peut aussi le favoriser. Elle est avant tout ce que les économistes considèrent à juste titre comme un des trois facteurs (la nature, le travail et le capital) pour réaliser la production et donc baliser la voie vers le développement. Le facteur travail insinue la population,  qui l’effectue.  Et celle-ci est pour certains penseurs comme les mercantilistes et les physiocrates, le facteur le plus important dans le processus de production des biens et services et donc du développement : « il n’y a de richesses que d’hommes », écrivait le mercantiliste Jean Bodin en 1576 (Bodin 1576), pour dire que le meilleur atout qu’un pays puisse avoir pour son développement est le nombre et la qualité de sa population.

La population, c’est aussi le marché des consommateurs, élément indispensable pour soutenir la production et la croissance économique.  Plusieurs pays développés, et en voie de développement tels que les BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud),  ont réussi à tirer profit du potentiel que représente une population nombreuse.  Celle-ci élargit l’assiette fiscale lorsque les taux de chômage sont faibles, ce qui procure à l’Etat davantage de revenus pour faire face aux dépenses sociales. Elle élargit aussi le marché de consommation interne et constitue une opportunité pour les entreprises locales de faire face à la concurrence internationale, car elle permet de maintenir les prix de revient à des niveaux relativement bas, la forte demande de travail conduisant à des niveaux de salaires et d’autres charges de production plutôt faibles.  La délocalisation de certaines multinationales du Nord vers des pays en développement où les prix de revient sont relativement bas trouve là sa justification.

Une autre approche critique des relations entre population et développement met l’accent sur le concept de régime démographique : « la production et la reproduction des êtres humains sont deux éléments d’un même processus » (Cordell, Gregory et Piché, 1987). Le nombre idéal ou réel d’enfants est donc fonction du mode de production en vigueur dans les sociétés (ibidem). Dans les milieux ruraux africains par exemple, où la production des biens et des services dépend énormément du nombre de personnes qui sont commises à cette tâche, plus ce nombre est élevé, mieux c’est pour avoir une production élevée (ibidem ; Locoh, 2003). C’est ainsi que l’enfant accompagne ses parents dans les champs soit pour servir de garde du bébé pendant que ces derniers travaillent, soit pour effectuer avec eux les travaux de sarclage, de labour, de récolte, de manutention. La puissance économique d’une famille, et par ricochet sa puissance politique, dépendent donc de sa puissance démographique, pour ainsi dire. L’enfant, dans ces milieux, est plus une aide qu’une charge, et il en a été ainsi jusqu’à l’universalisation de la scolarisation.

Nous inspirant de cette approche, nous démontrions dans un travail antérieur (Lututala 1991) que la modernisation peut aussi avoir des effets pervers par rapport à la fécondité : elle peut conduire à ce que Cosio-Zavala (2001) appelle le malthusianisme de la pauvreté. Le fait que le système de production en vigueur ne conduise pas nécessairement au développement, pousse les ménages à développer des stratégies démographiques d’adaptation à la crise.  C’est notamment le cas de la  réduction de la fécondité face au fardeau que représentent l’entretien, la scolarisation, l’alimentation, les soins de santé, des enfants. Il s’agit bien d’un fardeau car les enfants ne sont plus, comme autrefois, une aide pour la famille dans les travaux agricoles et artisanaux ;  ils sont devenus au contraire une charge de plus en plus difficile à porter et qui contraint à en limiter le nombre. 

Reposons-nous alors la question : que faut-il réguler ? Ou pourquoi la régulation démographique ne se limite qu’aux comportements des populations alors que le système économique ou de production qui détermine ces comportements ne fait quasiment pas l’objet de  régulation ? Certes, les politiques de population et surtout les DSRP tentent de réguler aussi bien les comportements démographiques que les agrégats macro-économiques et les conjonctures politiques qui les déterminent. Elles ont certes une vision holistique, mais le système économique et de production lui-même est rarement remis en question.  

Cette interrogation n’est pas un fait nouveau. Avant la Conférence de Bucarest de 1974, les pays africains étaient sceptiques à l’idée de procéder à la régulation démographique stricto sensu. Ils estimaient alors qu’il fallait privilégier la justice au niveau international, la répartition égalitaire des richesses mondiales, la réduction du rythme de consommation des pays riches.  Il fallait aussi promouvoir le développement des pays du Tiers-Monde, ce dernier étant considéré alors comme le meilleur contraceptif (Sala-Diakanda, 1988 et 1991).  Mais il y a eu par la suite un revirement des pays africains et du Tiers-Monde en général en faveur de la régulation démographique pour quatre raisons, selon Sala-Diakanda (1991) : 1) le succès remporté alors par la planification familiale dans certains pays asiatiques ; 2) l’amélioration progressive des connaissances sur les niveaux, tendances et facteurs des paramètres démographiques ; 3) l’échec des stratégies de développement mises en œuvre ; et 4) la marginalisation des économies africaines dans le système économique mondial.  Que peut-on en dire aujourd’hui ?

Deux grandes leçons sont à tirer.  La première leçon est que grâce aux données de plus en plus détaillées et des analyses scientifiques plus fouillées, on sait, mieux qu’avant, qu’il y a une corrélation négative entre le niveau de développement et de scolarisation et celui de la fécondité, et de la mortalité. Les populations les plus nanties et les plus instruites ont une fécondité plus faible.  L’instruction conduit, entre autres choses, à une augmentation de l’âge au mariage. Le temps passé sur le banc scolaire retarde l’âge moyen à la procréation, ce qui réduit, dans le cas particulier de la femme,  le nombre d’années de vie féconde et par conséquent le nombre d’enfants qu’elle peut procréer. L’instruction sort aussi l’individu de son isolément culturel et le met en contact avec d’autres modes de vie et d’autres systèmes culturels, mondialisation oblige. Elle développe chez l’individu d’autres valeurs qui peuvent entrer en concurrence, pour ainsi dire, avec le besoin d’avoir une progéniture nombreuse. C’est ce qui explique que l’instruction, et le développement, soient considérés comme le meilleur contraceptif, ou le meilleur régulateur des comportements démographiques.

La deuxième leçon est qu’en dépit de cette offensive pour la régulation démographique stricto sensu, l’Afrique continue à battre le record des niveaux de pauvreté, et les comportements démographiques n’ont que peu fléchi chez les pauvres, les ruraux, les analphabètes. Il faut donc considérer le problème d’une manière plus globale. Isabelle Jacquet (n.d.) l’exprime très bien quand elle écrit  : « si le producteur de café au Zaïre [entendez en RD Congo] s’est appauvri, c’est parce que le prix de la tonne de café,  fixé à Londres, a chuté, parce que le coût de l’essence et des pièces de rechange a triplé, parce que les routes n’ont pas été entretenus et qu’aucun intermédiaire n’a risqué ses amortisseurs pour venir chercher sa récolte, parce que la dictature lui a arraché toute possibilité de défense, parce que…, parce que…S’il avait eu 4 enfants au lieu de 7, en quoi sa situation aurait-elle été améliorée ? » (Jacquet, n.d.). Ceci pour dire que pour éliminer la pauvreté, la solution n’est pas, ou peut-être pas seulement, la baisse de la fécondité, mais plutôt une bonne gouvernance, parce qu’elle permet d’engager  les pays vers le développement, d’améliorer les niveaux de vie des citoyens.  

 

Pour qui alors régule-t-on  la croissance démographique en Afrique ?

 

Dans le numéro 1952 du Journal Le Point, Emilie Lanez (2010) résume de façon merveilleuse les raisons pour lesquelles la régulation démographique en Afrique paraît comme une exigence.  Il faudrait réguler parce que,

1) « la forte croissance démographique en Afrique « chahute le confort paisible des pays riches » ;  

2) « la bombe démographique n’offre pas seulement d’impossibles équations à résoudre en termes de nourriture, d’eau, de déchets, elle diffuse également les germes ravageurs du terrorisme ou de l’émigration massive » ;

3) « la démographie galopante serait responsable et coupable du réchauffement climatique (…) ; toute naissance non désirée évitée permet au monde de mieux respirer » ;

4) « la surconsommation dans les pays développés exigera tôt ou tard davantage de terres cultivables.  Or, « ces terres en réserve se trouvent en Afrique (des savanes et steppes qui restent en friche parfois dix-huit ans, faute d’engrais, de fumier, etc.) et en Amérique latine »

 

Voilà quatre arguments qui laissent perplexes parce qu’ils ne résistent pas à l’analyse démographique, politique et économique. En quoi la forte croissance en Afrique « chahute le confort paisible des pays riches » ? Est-ce à cause de l’immigration des Africains vers ces pays ? Ou est-ce parce que ces populations doivent pouvoir compter sur leurs ressources naturelles pour se développer, et que ces ressources risquent par conséquent d’échapper à ce que l’ancien Président français, Nicolas Sarkozy, parlant des enjeux des ressources naturelles dans le nord-est de la RD Congo, appelait de tous ses vœux, à savoir leur partage avec les voisins et les autres peuples du monde ? A propos de l’immigration, il est bon de rappeler que les Africains migrent plus vers d’autres pays africains que vers les pays développés, que leur proportion dans ces derniers est plutôt marginale par rapport aux migrants venant d’autres continents, et que ces migrants y exercent des emplois plutôt précaires.     Quant aux effets sur le réchauffement de la planète, il n’y a rien de plus faux car, Lanez (op.cit., page 60) reconnaît elle-même que ce sont les familles les plus réduites qui, à cause de leur hyperconsommation, polluent le plus.

Par ailleurs, a-t-on conscience d’autres défis démographiques qui attendent l’Afrique à cause de la décélération de sa croissance démographique ?  Les pays développés, qui font face à ces défis, devraient permettre aux instances régulatrices de l’Afrique que les problèmes de population sont eux aussi dynamiques. Alors qu’aujourd’hui on se plaint de la forte croissance démographique et d’une fécondité élevée en Afrique, les mesures de régulation qui sont prises et mises en œuvre conduiront tôt au tard à d’autres problèmes de population qui nécessiteront d’autres politiques. On peut citer le vieillissement de la population, l’insuffisance de la main-d’œuvre pour assurer la production des biens et des services,  l’insuffisance des consommateurs des biens produits, etc.

L’incitation actuelle à la procréation d’enfants dans les pays développés, que l’on peut notamment observer à travers les faveurs faites aux familles nombreuses  en matière de logement dans les HLM (habitations à loyers modérés), de transport, de scolarisation des enfants,  sont des politiques qui visent à faire face au niveau insuffisant de remplacement de leurs populations.  L’Afrique y est-elle préparée ? Les politiques mises en place pour favoriser l’immigration dans des pays en manque de main-d’œuvre, même si ou surtout quand on met l’accent sur l’immigration dite choisie, visent les mêmes objectifs. Les fameux jeux de loto pour bénéficier des visas et autres faveurs afin d’immigrer aux Etats-Unis d’Amérique entrent dans cette catégorie de politiques.  L’Afrique a-t-elle les moyens financiers, et surtout politiques, pour mettre en œuvre de telles politiques ? Où puiserait-elle ces migrants qui devront servir de main-d’œuvre nécessaire pour assurer la production ? Certes, durant les années de la « mise en valeur  des colonies », les colonisateurs avaient, on le sait, fait appel à des Chinois, des Haïtiens, des Zanzibarites,… pour travailler dans les mines, dans les industries, dans la construction des chemins de fer, dans les armées en construction. Cela est-il encore possible aujourd’hui ? Ou plutôt cela n’ouvrirait-il pas la porte à une nouvelle colonisation de peuplement ? Les prémisses sont là : de millions de ressortissants en provenance d’autres continents, dont les Chinois, immigrent et s’installent en Afrique, prennent possession de vastes étendues de terres, avec la complicité ou la naïveté des dirigeants africains,  et cantonnent les paysans dans un salariat d’exploitation. 

La question reste donc posée : pour qui régule-t-on ?   Elle suscite une autre : à qui profite la régulation démographique en Afrique ?  A qui profite-t-elle si les superficies arables non mises en valeur en Afrique, à cause d’une sous-population, sont prises d’assaut par des investisseurs, ou des immigrants en provenance d’autres continents ? A qui profite-t-elle,  si malgré leur contribution à la préservation des forêts, grâce à la réduction de leur fécondité, les populations africaines continuent à mourir à cause des effets occasionnés par la surconsommation dans le Nord ? Ne déshabille-t-on pas Saint Pierre pour habiller Saint Paul, comme on dit ?

 

Le dividende démographique supplée-t-il la régulation démographique ?

 

Définissons le dividende démographique comme étant le bénéfice que, sur le plan économique, on tire des effets de la baisse de la fécondité sur la structure par âge de la population.  En effet, si pendant longtemps la croissance démographique a été considérée comme étant un obstacle au développement, c’est parce que l’analyse se limitait au taux d’accroissement de la population et au niveau de la fécondité ou de l’émigration.  Les liens de causalité statistique montraient alors que les pays où ces trois paramètres étaient les plus élevés sont ceux qui sont le plus en retard dans le processus de leur développement. Cependant,  les derniers travaux constatent que lorsque l’on tient compte des structures démographiques, notamment de la répartition de la population selon l’âge, la forte croissance démographique peut constituer un dividende démographique qui favorise le développement.

Les pays peuvent profiter du dividende démographique à deux moments de leur transition démographique.  Le premier moment est celui d’une baisse de la fécondité et de la mortalité qui conduit à un rajeunissement de la population ; cela s’observe par une base élargie de la pyramide d’âges. A ce moment, le vieillissement de la population est encore faible. Ce dernier, conjugué avec la baisse de la fécondité,  conduisent à des taux de dépendance économique (rapport entre les personnes âgées de 20 à 60 ans considérées comme actives, et les personnes âgées de moins de 20 ans et de plus de 60 ans considérées comme inactives) plutôt avantageux.  Ce qui permet de dégager des moyens pour réaliser des investissements sociaux, notamment dans le secteur de l’éducation et la santé, avec pour conséquence une amélioration de la qualité du capital humain.  La capacité du pays à créer davantage d’emplois ; l’accroissement de la productivité, et la possibilité d’améliorer les niveaux de salaires,  s’en trouvent aussi augmentés. 

Le deuxième moment est celui d’un début de vieillissement de la population à cause bien entendu d’une baisse importante de la fécondité, et d’une augmentation de l’espérance de vie à la naissance résultant des effets du premier moment du dividende démographique. Aussi, même si le vieillissement apparaît, l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance conduit à un allongement du nombre d’années de vie active et, à la longue, à l’augmentation des revenus nationaux. La diminution du taux de dépendance économique résultant de l’allègement des dépenses liées aux enfants (en nombre plus réduit) et des vieux (pas encore suffisamment nombreux) permet alors de dégager de l’épargne et de procéder aux investissements, soutenant ainsi la production et la création des revenus.

Il a été constaté que les pays africains se situeraient au premier moment du dividende démographique. Jean-Pierre Guengant (2011) l’a démontré pour certains pays de l’Afrique de l’Ouest et pour le compte de … l’Agence française de développement. Mais pour que ces pays puissent vraiment bénéficier du dividende démographique, ils doivent remplir trois conditions, dit-il. La première est que la baisse de la fécondité doit être soutenue, notamment en utilisant de façon accrue les méthodes contraceptives.  Car il faut faire passer le nombre moyen d’enfants par femme de 5 en 2010 à 2 ou 3 en 2050. La deuxième condition est que le développement soit au rendez-vous pour qu’il accompagne cette modernisation des comportements démographiques, étant entendu que le meilleur contraceptif demeure le développement.  La troisième condition est que ce développement favorise effectivement i) l’amélioration de la qualité du capital humain en investissant massivement dans l’éducation et la santé ; ii) la création d’un nombre suffisant d’emplois et l’augmentation de la productivité du travail et des niveaux de salaires ; iii) l’augmentation de l’épargne et des investissements publics et privés.  Si ces conditions ne sont pas réunies, « cette main-d’œuvre nombreuse, plus éduquée, risque d’être inemployée et de devenir une charge et un facteur de troubles sociaux » (Guengant, op.cit., page 29). La révolution dite de Jasmin en Afrique du Nord ne trouve-t-elle pas là ses ressorts ? De même, dit-il, « l’augmentation de l’épargne rendue possible par l’allègement des dépenses en direction des enfants et des jeunes, ne se traduira pas par une augmentation des investissements si l’inflation est forte, la situation politique instable et si les institutions politiques et judiciaires sont peu fiables » (ibidem).

Le dividende démographique n’annihile donc pas la régulation des comportements démographiques, qui en sont un des éléments de son mécanisme.

 

Conclusion

 

Le monde entier est soumis à une régulation multiforme opérée par les grandes instances internationales et puissances mondiales, et relayée par des institutions nationales souvent naïves,  et peu conscientes des enjeux de cette régulation, surtout en Afrique. Il en est ainsi de l’aide au développement - considérée comme une aide liée -, du modèle de développement, dicté par la pensée unique néolibérale, des systèmes d’enseignement, qui formatent les futures élites par rapport au système dominant, du commerce international, de la mondialisation, etc. Les comportements démographiques n’y échappent pas, dans le souci avoué ou inavoué de préserver, semble-t-il,  l’humanité d’une catastrophe qui serait liée à la bombe démographique. La sexualité et la procréation d’enfants dans les pays africains et d’autres pays du Tiers-Monde se voient ainsi régulées pour répondre à cette nécessité. Le droit de la personne de résider là où elle peut le mieux réaliser sa production et sa reproduction aussi.

Après plusieurs décennies de régulation démographique en Afrique, on constate que les résultats sont lents, et même mitigés. Les comportements en matière de procréation n’ont que peu évolué dans le sens voulu. La réduction  de la pauvreté à laquelle les faibles niveaux de fécondité devaient conduire demeure un vœu, car dans plusieurs pays africains,  plus ou moins deux-tiers de la population sont encore pauvres. Il s’agit aussi de résultats mitigés qui cachent d’autres défis démographiques à surmonter demain. La baisse de la fécondité fera face à une diminution de la population active et à des difficultés pour assurer la production à des coûts supportables, pour prendre en charge les populations du troisième âge, etc.  L’Afrique s’y prépare-t-elle ?

Depuis quelques années, le concept du dividende démographique apparaît comme une sorte d’alternative à cette régulation. Il n’en est pourtant rien, car la baisse de la fécondité est un des facteurs de ce dividende. Il apparaît dès lors que la régulation démographique est inévitable, et qu’elle peut profiter aux populations africaines. A condition cependant qu’elle se fasse dans un cadre qui dépasse le sous-système démographique, notamment en favorisant, on ne le dira jamais assez, la scolarisation et la création d’emplois. Mais aussi en mettant en place des mesures d’accompagnement pour prendre en charge la réversibilité des problèmes de population. Et pour cela, il faut à l’Afrique des dirigeants et une gouvernance responsables, qui se mettent au service de leurs pays et non à celui de leurs intérêts personnels et ceux de leurs courtisans. Telle nous semble être la condition pour que la régulation démographique profite aussi et surtout aux populations africaines.

 

 

Bibliographie

 

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  • Furedi, Frank, 1997, Population and Development – A critical Introduction, London : Polity Press.
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  • Jacquet, Isabelle, n.d. , « Contrôle démographique et rapports Nord-Sud », in www.politique-africaine.com/numeros/pdf/043142.pdf
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  • Lututala, M.B., 1991, « Modernisation et déséquilibres démographiques au Zaïre – quelques hypothèses de recherche, dans Gendreau, F. et al. Les Spectres de Malthus – Déséquilibres alimentaires, déséquilibres démographiques, Paris, EDI-ORSTOM-CEPED, pp  279-294.
  • Nations Unies, 2009 World Population Prospects, http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/pays_du_monde/
  • Nations Unies, 1995, Rapport de la Conférence internationale sur la population et le développement, Le Caire, 5-13 septembre 1994, A/CONF .171/13.Rev.1, New York.
  • Ouedraogo, Dieudonné, 2008, « Vers la refondation des politiques de population comme politiques publiques en Afrique subsaharienne : une analyse exploratoire », Cahiers Québécois de démographie, vol 37, n° 2, automne 2008, pp 323-349 ; http://id.erudit.org/iderudit/038135ar
  • RDC-UNFPA (2006) Document de la Revue à mi-parcours du Programme de Coopération UNFPA-RDC 2002-2006 (Rapport de mission), Kinshasa, 72 pages
  • Sala-Diakanda, D.M., 1988, « De Bucarest à Mexico – évolution des positions africaines en matière de population », Cah. Sc. Hum., 24 (2) 1988, ORSTOM.
  • Sala-Diakanda, D.M., 1991, « De l’émergence de politiques de population en Afrique », Politique africaine, n° 44, pp 37-49. 
  • Tabah, Léon, 1994, « Les conférences mondiales sur la population », Population et Sociétés, n° 290, INED : Paris. 
  • UNFPA, 2009, State of World Population 2009 : Facing a changing world : women, population and climate, New-York : UNFPA, http://www.unfpa.org/swp/2009/en/pdf/EN_SOWP09.pdf

 

 

Annexe

 

Tableau 2 : Les grandes conférences internationales et la régulation démographique

 

Année

Lieu

Sujet

Grandes résolutions

1927

Genève

Conférence Internationale sur la Population

Création de l’Union Internationale pour l’Etude Scientifique de la Population

Le planning familial fut évoqué, mais pas recommandé

1954

Rome

Congrès mondial de population

Plutôt une réunion d’experts que de représentants des gouvernements mais avec des positions politiques et idéologiques tranchées

1956

Belgrade

Conférence Internationale sur la population

Déclaration d’une assistance des pays pour faire face aux problèmes de population, notamment pour la planification familiale

1974

Bucarest

Conférence Internationale sur la Population

Le développement fut considéré comme étant  le meilleur contraceptif

Régulation des naissances pour le bien-être familial

La contraception pour la protection maternelle et infantile

Légitimation des politiques de population

1984

Mexico

Conférence Mondiale sur la Population

Adoption d’un plan d’action recommandant la réunification des familles des travailleurs migrants, l’adoption des programmes de planification familiale, l’augmentation des ressources pour les activités en matière de population

1984

Mexico

Conférence Internationale sur les Femmes

En marge de l’année internationale de la femme

  • Eliminer toutes les discriminations fondées sur le genre
  • Faire participer les femmes au développement
  • Faire participer les femmes à la sécurité internationale

1980

Copenhague

Conférence de la décennie des Nations Unies sur les droits de la femme

Favoriser un égal accès à l’éducation, l’emploi et la santé

1985

Naïrobi

Conférence  pour évaluer les résultats de la décennie des Nations Unies sur les droits de la femme

Favoriser l’égalité au niveau de

  • La participation sociale
  • La prise de décision
  • La vie politique

1990

New York

Sommet Mondial sur les Enfants

  • Réduire le taux de mortalité infantile et maternelle
  • Combattre la malnutrition des enfants
  • Combattre l’analphabétisme des enfants
  • Meilleur accès aux services sociaux de base pour la santé, l’éducation, l’eau, l’assainissement, et la planification familiale

1992

Rio

Conférence sur l’environnement et le développement

  • Adoption du concept de développement durable : le développement doit être durable
  • Agenda 21

1993

 

Conférence sur les droits de l’Homme

 

1994

Caire

Conférence Internationale sur la Population et le Développement

  • Les droits en matière de procréation font partie des droits de l’Homme
  • De la Planification familiale à la Santé de la reproduction (santé sexuelle et génésique)

1995

Copenaghue

Sommet Mondial pour le Développement Social

  • Liberté d’association
  • Droit de négociation collective
  • Elimination de toute forme de travail forcé et obligatoire
  • Abolition du travail des enfants
  • Elimination de la discrimination en matière de l’emploi et de la profession

1995

Pekin

Conférence Mondiale sur les Femmes

  • L’égalité entre les hommes et les femmes est une condition essentielle pour le développement durable, la paix et la démocratie
  • Donc, importance de l’égalité de genre dans le processus de développement

1997

Kyoto

 

  • Protocole de Kyoto pour la réduction de l’émission des effets de serre

2000

New York

Sommet du Millénaire

  • 8 OMDs (Objectifs du Millénaire pour le Développement)

O1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim

O2 : Assurer l’éducation primaire pour tous

O3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

O4 : Réduire la mortalité infantile et juvénile

O5 : Réduire la mortalité maternelle

O6 : Combattre le VIH/Sida, la paludisme et les autres maladies

O7 : Assurer un environnement humain durable

O8 : Construire un partenariat mondial pour le développement

Etc.

2009

Copenhague

Sommet de Copenhague sur le changement climatique

  • Lutte contre le réchauffement de la planète

2009

Addis Abéba

Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD+15) – Conférence ministériel africain)

  • Améliorer et rendre prioritaires l’accès à des services de planification familiale fiables et de qualité
  • Lutter contre l’avortement non-médicalisé
  • Accélérer la réduction de la mortalité maternelle et infantile
  • Assurer à tous l’accès aux soins de santé procréative

 

2011

Durban

Conférence internationale sur le réchauffement de la planète

Un accord prévoyant d’établir, d’ici à 2015, un pacte mondial pour la réduction des émissions de gaz à effets de serre qui sont à la base du réchauffement de la planète

 

Source : Tabah 1994 ; Nations Unies 1995 ; CEA-UNFPA-Union Africaine 2009.

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09/10/2013
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