Bernard Lututala Mumpasi - Professor/researcher

Bernard Lututala Mumpasi - Professor/researcher

Discours d'Investiture du Comité de Gestion - Université de Kinshasa, 2006

DISCOURS SOLENNEL DU RECTEUR A L'OCCASION DE L'INVESTITURE DU COMITE DE GESTION DE L'UNIVERSITE DE KINSHASA, ET DU CINQUANTENAIRE DE L’UNIVERSITÉ CONGOLAISE

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

La vie de toute université est ponctuée par des évènements qui rappellent à tous les membres de la communauté universitaire, mais aussi à toute la nation, la place, le rôle et l’importance de l’université dans la société. Ces évènements permettent par ailleurs à l’université elle-même de s’affirmer et de manifester sa grandeur. Aujourd’hui, ces occasions sont devenues rares, dans notre université en tout cas. L’Université de Kinshasa étant devenue un monstre à plusieurs vitesses, et à plusieurs têtes, les cérémonies d’ouverture des années académiques ne se tiennent plus ; de sorte que le Recteur n’a plus l’occasion et le privilège, comme cela se fait dans toutes les universités du monde, de présenter son programme d’action pour l’année académique qui commence.

 

Pour les mêmes raisons, les cérémonies de collation des grades académiques ne sont plus qu’un show des sifflets au cours desquels les parents, en uniforme, des lauréats n’ont que faire des discours. Le caractère révérencieux de l’université a disparu. Cette institution et ce lieu où devraient régner le silence et le travail pour permettre la réflexion, la méditation, les débats et les découvertes scientifiques, et pour vénérer la science, n’est plus qu’une bourgade où grouillent toute sorte de personnes même celles qui n’en sont pas dignes. Le seul fait de le rappeler, même de la part du Recteur, est en passe de devenir pour certains membres de la communauté comme un sacrilège, alors que nous sommes justement dans un milieu où doivent triompher la critique constructive, la réflexion, la formation. 

 

Je me réjouis, de ce qui précède, de l’organisation de cette triple cérémonie qui nous réunit ce jour. Elle constitue une preuve irréfutable que notre université tient à respecter la tradition universitaire, et qu’elle continue à faire l’objet de la plus grande attention des autorités et de la nation. Et cela dure depuis 52 ans maintenant, de sorte que le Cinquantenaire de l’université congolaise, dans le cadre duquel cette cérémonie est organisée, est d’abord celui de l’Université de Kinshasa. Vous comprenez alors, Excellences, Mesdames et Messieurs, pourquoi notre université fait de ce cinquantenaire un moment important de son existence. Et qu’elle se propose d’organiser plusieurs manifestations festives au cours de cette année.

 

Déjà, notre communauté a célébré le dimanche dernier le Jubilé de notre paroisse catholique « Notre Dame de la Sagesse ». A cette occasion, l’ensemble de la communauté a été invitée à prier sans cesse et profondément pour notre université, tout au long de cette année commémorative. A son tour, et à la demande du Conseil d’administration et du Comité organisateur du cinquantenaire, le Comité de gestion se propose d’organiser plusieurs activités au courant de cette année. Nous envisageons, par exemple, organiser une cérémonie en l’honneur des Professeurs Émérites, sanctionner positivement les agents et cadres de notre administration qui ont servi l’université depuis cinquante ou quarante ans, ré-dynamiser le sport universitaire, renforcer l’encadrement pédagogique et moral de nos étudiants.

 

Je voudrais donc, de prime à bord, saisir l’occasion de cette journée commémorative pour rendre hommage à tous les bâtisseurs de cette université. Je pense à l’Université catholique de Louvain qui en a semé la graine depuis Kisantu ; aux Gouvernements de la Belgique et du Congo et aux multiples fondations et bailleurs de fonds qui lui ont permis de se doter d’imposantes et solides infrastructures qui, fort heureusement, résistent à l’obsolescence ; à tous les 25 Recteurs qui se sont succédés à la tête de cette université, dont vous-même Monseigneur le Président du Conseil d’administration ; et à l’ensemble du corps académique, scientifique, administratif et ouvrier qui s’est dépensé pour que l’Université de Kinshasa survive et même continue à rayonner. Après une année à la tête de cette université, je mesure l’apport et le sens de sacrifice de ses bâtisseurs, sans lesquels nous ne serions pas ici, et que je vous invite à applaudir.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

L’histoire de l’Université de Kinshasa révèle bien, à mes yeux, le parcours suivi par notre pays et donc par nous tous ici en tant que citoyens de ce pays. D’abord un parcours du combattant pour libérer le pays du joug colonial et de l’obscurantisme scientifique ; puis celui de l’édification de la nation à travers la formation d’une élite intellectuelle ; est venu ensuite le temps de la traversée du désert et des incertitudes ; avant d’assister maintenant à l’éveil de la conscience nationale sur l’impérieuse nécessité de sortir du tunnel, de reconstruire le pays, et de lui redonner sa place dans le concert des Nations. La cérémonie de ce jour devrait permettre, j’ose bien espérer, cet éveil de conscience de toute la communauté universitaire pour sortir notre université du bourbier dans lequel elle patauge. Il y a des valeurs universelles qui sont reconnues à toute université, et nous devons nous les approprier puisque nous sommes bien une université, peu importe notre pauvreté, notre sous-développement, nos tiraillements ethniques, nos turbulences politiques. La Vrije Universiteit of Bruxelles s’est donnée une devise qui nous interpelle : la science doit briller au sein des ténèbres !

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

Notre investiture intervient exactement une année après notre nomination, le 5 mars 2005, aux délicates fonctions de Recteur de l’Université de Kinshasa. Le programme d’action que nous vous présentons ce jour n’est donc pas une simple fabulation ; bien au contraire, nous avons eu, au courant de cette année, à observer, et à discuter avec la communauté universitaire, les Autorités de tutelle, les parents de nos étudiants, nos étudiants, nos partenaires intérieurs et extérieurs, pour ne citer que ceux-là, des problèmes qui assaillent l’Université de Kinshasa. Mieux encore, nous avons engagé toute la communauté universitaire à un exercice d’auto-évaluation, lequel a donné lieu au « Plan stratégique pour la réhabilitation et la revitalisation de l’Université de Kinshasa » pour 2006-2010, dont le document est en train d’être édité pour être publié dans les prochaines semaines.

 

Ce plan a été discuté et approuvé par la communauté de notre université, au cours de l’atelier qui s’est tenu le 24 août dernier à l’Ecole de Santé Publique. Il sera le socle sur lequel nous allons inscrire nos actions pendant notre mandat, permettant ainsi d’éviter que l’université puisse naviguer à vue, qu’elle fonctionne de manière routinière. Il constitue la base de toute coopération avec nos partenaires. Il a été applaudi par nos partenaires extérieurs, lors de la tournée que nous avons effectuée en novembre et décembre derniers, auprès de 15 universités en Belgique, au Canada et en France. 

 

C’est ici l’occasion de remercier du fonds du cœur le Professeur Miala Diambomba, économiste de l’éducation de l’Université Laval au Canada, qui, par reconnaissance à cette université qui l’a formée et où il a œuvré pendant quelques années, a mis son expertise à notre disposition pour l’élaboration de ce plan stratégique.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

Pour entrevoir l’avenir, il faut parvenir de l’existant. L’état des lieux de l’Université de Kinshasa, tel que dressé dans le Plan Stratégique, est très préoccupant. Notre université souffre sérieusement d’une gangrène qui l’atteint dans toutes ses composantes et la fait couler au fond de l’abîme. Fait plus grave, tout cela survient à cause et même, curieusement, sous les applaudissements d’un bon nombre de membres de sa communauté, qui refusent que l’ordre et la bonne gouvernance soient rétablis dans cette université. Je voudrais remercier ici tous ceux et toutes celles qui ont compris que nous ne pouvons plus nous permettre d’assister impuissants au naufrage de notre université, et inviter les autres à s’interroger s’ils méritent vraiment leur place dans cette plus grande université de la République Démocratique du Congo.

 

L’Université de Kinshasa fonctionne dans un environnement externe et interne hostile à son épanouissement et à son bon fonctionnement. L’environnement externe est caractérisé par plusieurs éléments… Une forte demande d’inscription à l’université qui contrarie avec la capacité d’accueil demeurée presque intacte depuis les années 70, mais qui constitue en même temps une source de financement pour le paiement des primes et pour le fonctionnement de l’université. Cette contradiction est à la base de plusieurs foyers de tension et des comportements que l’université vit de façon récurrente. 

 

L’environnement se caractérise aussi par une faible qualité de l’enseignement et des apprentissages au niveau secondaire, laquelle se répercute dans la qualité de nos étudiants, dont on peut se demander s’ils viennent à l’université pour apprendre ou simplement pour éviter l’oisiveté et le chômage. Un appauvrissement de la population dû à la détérioration de la situation économique, lequel appauvrissement, couplé avec une mauvaise foi ou une appréciation erronée des missions de l’université, ne favorise pas la mobilisation, à temps, des frais d’étude auprès des étudiants. Il est inadmissible, que les étudiants continuent à payer les frais d’étude jusqu’à la veille des examens, quand on sait que c’est ce paiement des frais qui leur confèrent la qualité d’étudiants. Une dégradation du cadre macroéconomique et l’amoindrissement du budget de l’Etat affecté à l’éducation, qui justifie en partie le non versement à notre université des frais de fonctionnement.  Un modèle d’organisation, de gestion et de financement qui est plutôt de type bureaucratique, et est source d’inertie car ne permettant pas une appropriation de l’université par les membres de la communauté. Ces derniers ont même tendance à en être des rebelles, préoccupés par leurs intérêts personnels égoïstes.

 

L’environnement interne réunit tout ce qui ternit l’image de notre université et nous éloigne des normes de fonctionnement de toute université. Sur le plan académique, nous notons d’abord l’affaiblissement de la qualité des étudiants admis à l’université, que le Comité de gestion tente de corriger en appliquant des critères un peu plus rigoureux de sélectivité et de pourcentage obtenu aux Examens d’Etat (Baccalauréat). Il y a ensuite le vieillissement du corps professoral, lequel a poussé l’université à proclamer la relève académique comme étant la priorité des priorités. En effet, avec un âge moyen des professeurs évalué à 58 ans, la moitié des Professeurs de l’Université de Kinshasa atteindra l’âge de la retraite d’ici à 15 ans. Ce qui veut dire que l’Université de Kinshasa doit former au moins 250 nouveaux professeurs dans les 15 prochaines années. Ce pari est difficile à gagner quand on observe le manque d’empressement, et même d’intérêt et d’engagement des Assistants et Chefs de travaux à revêtir véritablement les habits du chercheur et à se consacrer à la préparation des thèses de doctorat. Ce d’autant plus que le vieillissement ne concerne plus désormais le corps professoral, mais aussi le corps scientifique et même les étudiants et les administratifs. Les dernières thèses de doctorat soutenu localement dans notre université l’ont été par des Chefs de travaux dont l’âge moyen est de 45 ans. Cette situation plonge notre université dans un processus de dépérissement qui doit nous interpeller tous, et qui nécessite des mesures qui placent les intérêts de l’université au-dessus des intérêts individuels.

 

Toujours sur le plan académique, il faut regretter la persistance des méthodes d’enseignement qui n’ont pas été adaptées à la démographie estudiantine, ainsi que des méthodes d’évaluation qui encouragent une faible assimilation des matières, forment plutôt des robots que des innovateurs, et en tous les cas encouragent l’échec et la tricherie sous toutes ses formes. Le non respect des horaires et du calendrier académique est cet autre fait qui a rendu tristement célèbre l’Université de Kinshasa. Très peu de facultés arrivent à organiser la formation dans les 9 mois réglementaires ; et même dans ces facultés, plus ou moins 10 % seulement d’étudiants terminent dans ce délai et en 1ère session. Il en résulte que les cérémonies de collation des grades académiques ne sont plus qu’une coquille qui n’intéresse ni les 90 % d’étudiants qui terminent en 2ème voire en session spéciale, ni les Professeurs qui n’accordent plus d’importance à cet évènement capital de la vie de toute université. Ici se pose le problème du cahier des charges du Professeur dans notre université.

 

L’on doit aussi regretter le peu d’engouement pour la recherche, qui est pourtant l’activité principale de tout Professeur, dans la mesure où c’est à partir d’elle que ce dernier confectionne les cours qu’ils dispensent aux étudiants, au risque de n’être qu’un répétiteur, comme à l’école secondaire,  des résultats des chercheurs d’autres universités. Or, une université n’est université que si elle contribue à la production des connaissances.

 

Terminons cet état de lieux par évoquer la situation sociale déplorable et quasi inhumaine de nos étudiants : insalubrité dans les homes, absence de moyens de transport adéquat et la difficulté d’accéder à l’université, précarité de la situation financière qui permet difficilement un effort intellectuel, etc.

 

Que faire face à cette situation ?

 

Le Plan Stratégique a défini une VISION pour notre université : «se maintenir dans la ligne d’excellence tracée par les fondateurs, et offrir à ses étudiants un enseignement et une formation guidés par la créativité, l’innovation et l’excellence ». Cette vision nous rappelle la grandeur de l’Université Lovanium d’autrefois et l’excellence de la formation, de la recherche et des services à la collectivité qui y étaient réalisés. Elle interpelle chacun de nous à ne pas trahir cette grandeur et cette quête de l’excellence. Elle invite les étudiants à ne pas se contenter de mémoriser les cours, mais plutôt à les assimiler et à s’en servir pour être créatif, pour innover. C’est pourquoi, le Plan stratégique a retenu comme MISSIONS de notre université : « la formation d’une nouvelle génération de cadres, plus créatifs, plus nationalistes, plus porteurs de valeurs citoyennes et de paix, plutôt acteurs du développement que jouisseurs des efforts des autres ».  L’étudiant de l’Unikin doit donc rompre avec les anti-valeurs qui les font discréditer auprès de l’opinion et de la société. Dans mon discours de politique générale prononcé lors de la dernière collation des grades académiques, j’avais décrit ces anti-valeurs : la culture des rumeurs ; le trafic d’influence ; les jugements subjectifs des Autorités académiques ; le non-respect de ces derniers ; le recours à la violence ; les actes de vandalisme, dont la réquisition des véhicules d’autrui ; la loi du moindre effort, la banalisation des instructions académiques.

 

Le Plan Stratégique a retenu 7 axes stratégiques pour que la vision et la mission ci-dessus décrites soient réalisées. Le premier axe vise à renforcer la qualité de la formation afin d’accroître les taux de rétention et de diplomation des étudiants de l’Université de Kinshasa. Pour y parvenir, il nous faudra i) améliorer la qualité des programmes d’enseignement afin de favoriser la réussite des études ; ii) rationaliser la structure des programmes de premier cycle universitaire ainsi que l’organisation de leurs activités ; iii) améliorer les conditions sociales et de travail des professeurs et du personnel scientifique ; iv) permettre aux enseignants de disposer des livres, des équipements et des matériels pédagogiques et didactiques ; v) encourager les professeurs à utiliser des approches d’enseignement et d’apprentissage qui favorisent chez les étudiants l’assimilation des matières ; vi) encourager l’utilisation des approches d’évaluation qui mesurent les acquisitions réelles des étudiants ; vii) favoriser et enrichir l’enseignement et les apprentissages par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication ; viii) adapter les effectifs d’étudiants à la capacité d’accueil et mieux sélectionner ceux qui sont admis en première année ; et ix) améliorer les taux de réussite à l’université. 

 

Le deuxième axe porte sur le renforcement de la pertinence économique et sociale de la formation offerte par l’université, dans le souci, entre autres, d’éviter que nos diplômés n’allongent la liste des chômeurs dans notre société congolaise. Pour cela, il nous faut i) nous assurer que les étudiants acquièrent les compétences qui améliorent leur employabilité ; ii) ouvrir l’université à la communauté afin qu’elle contribue au développement de cette dernière et à la lutte contre la pauvreté ; iii) favoriser l’implication du personnel de l’université aux activités de lutte contre la pauvreté dans la communauté.

 

Le troisième axe se propose d’attirer, de former, et de retenir un personnel administratif et académique de haut niveau. Il nous faut pour cela i) élaborer un plan-cadre de développement des ressources professorales pour assurer la relève académique ; ii) négocier des niveaux compétitifs de salaires et d’autres avantages afin d’en attirer les meilleurs et de les retenir ; iii) reconfigurer et revitaliser les programmes de formation initiale et continue des professeurs et des cadres de haut niveau. Une attention doit notamment être portée sur l’organisation des études de 3ème cycle, qui semble se faire différemment selon les facultés, et sans se référer aux instructions académiques en la matière. Il nous faut aussi parvenir à mieux gérer le personnel scientifique en formation à l’étranger, qui se dit abandonné tout en refusant de communiquer à son université d’origine le parcours académique. Il faut regretter ici, les déperditions importantes que l’université connaît, dans ce sens où très peu de ceux que nous envoyons à l’étranger reviennent au pays.

 

Le quatrième axe se propose de maintenir le leadership de l’Université de Kinshasa dans ses domaines d’excellence de la recherche. Il nous faut pour cela i) élaborer une politique institutionnelle d’encadrement de la recherche au sein de notre université ; ii) consolider la position de l’Université de Kinshasa en tant que chef de file en matière de recherche en République Démocratique du Congo ; iii) favoriser l’interdisciplinarité et la pluridisciplinarité par la consolidation des groupes de chercheurs provenant de différentes disciplines et de divers milieux afin de rendre la recherche plus dynamique ; iv) doter les laboratoires et les centres de recherche des équipements scientifiques majeurs et des outils de recherche, et encourager leur utilisation optimale ; v) favoriser le transfert des savoirs et savoir-faire au milieu en établissant des partenariats avec les milieux publics et privés utilisateurs des résultats de recherche ; vi) exercer un effet de levier significatif pour maximiser les investissements en recherche et développement en République Démocratique du Congo. Il est bon de nous rappeler que la recherche constitue la mission première de toute université, et que c’est à partir d’elle que l’université tire sa renommée, et même ses moyens financiers et matériels de fonctionnement.

 

Le cinquième axe vise à améliorer la qualité de la vie universitaire, c’est-à-dire à rendre le campus universitaire plus attrayant et ses infrastructures plus fonctionnelles. Il s’agit ici de i) bien entretenir les bâtiments et les espaces afin de rendre le campus plus attrayant ; ii) augmenter le nombre de résidences universitaires sur le campus et améliorer les conditions de vie dans les résidences existantes ; iii) favoriser le développement et la revitalisation des associations estudiantines ; iv) développer un système efficace d’information sur l’université ainsi que sur ses ressources ; v) favoriser l’organisation et la participation de la communauté à des activités para-académiques et même para-universitaires afin d’enrichir leur formation universitaire.

 

Le sixième axe se propose d’améliorer le fonctionnement administratif de l’université. Il sera question de i) décentraliser le processus de décision administratif et responsabiliser les cadres administratifs de manière à améliorer leur rendement professionnel ; ii) renforcer les compétences de gestion des responsables administratifs ; iii) veiller à ce que chaque responsable administratif assume les responsabilités sur ces décisions et actions ; iv) consolider les liens institutionnels avec la communauté environnante.

 

Le septième et dernier axe porte sur la diversification des sources de financement de l’université. Il s’agira ici de i) exercer des pressions sur le gouvernement pour l’amener à accroître le budget alloué à l’enseignement supérieur et universitaire en général et à l’Université de Kinshasa en particulier ; ii) mobiliser des sources additionnelles de financement. Sur ce dernier point, nous allons, au moment opportun, ré-dynamiser l’association des alumnis de l’Unikin, entendez tous les anciens étudiants de cette université. Ils sont nombreux, bien placés dans la société pour certains, et n’attendent qu’un appel pour contribuer à la ré-dynamisation de leur université. Ils devront bien s’impliquer, car la débâcle de leur université a nécessairement des implications sur leur parcours professionnel.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

Le programme qui vient de vous être esquissé est ambitieux, il est vrai. Chacun des objectifs présentés ci-dessus comporte une panoplie d’actions stratégiques, et chacune d’elles comprend à son tour une multiplicité de tâches stratégiques à réaliser. Je précise que ce plan porte sur 5 ans. Notre Comité de gestion fera ce qu’il pourra jusqu’au moment de son relèvement. Chaque année, nous établirons un plan d’actions annuel que nous aurons à exécuter. Ceux qui nous succéderont poursuivront les efforts tout en réajustant au besoin certains axes, objectifs, actions et tâches. 

 

Mais l’exécution de ce Plan Stratégique ne sera possible que si toute la communauté s’engage à œuvrer pour notre université d’abord et avant tout. C’est pourquoi, nous mènerons des actions diverses pour parvenir à ce que chaque membre de notre communauté se réapproprie cette université. Il me semble en effet que si tous les membres de notre communauté sont fiers d’appartenir et d’œuvrer à l’Université de Kinshasa, plusieurs comportements que nous regretterons aujourd’hui disparaîtront. Ainsi, un professeur qui est fier d’être de l’Unikin commencera par dispenser et achever ses enseignements à l’Unikin avant d’aller servir les autres universités ; ce qui contribuera à réduire l’élasticité des années académiques. Un étudiant qui se réclame de l’Unikin ne se permettra pas de sacraliser son université en scandant, perché sur des véhicules réquisitionnés, des chansons obscènes. Un administratif qui aime et sert son université n’attendra pas des injonctions pour savoir ce qu’il doit faire comme travail et pour bien le faire. 

 

Cette même réappropriation constitue le fondement du respect des organes, des instructions académiques, et des autorités académiques à tous les niveaux. Notre université, qui forme le plus grand nombre de juristes, de politologues, d’administrateurs de ce pays, ne doit pas se complaire à former ; elle doit aussi appliquer les principes de droit, les règles de fonctionnement de toute société, et en ce qui nous concerne, les instructions académiques, les statuts et autres textes légaux qui nous régissent. Elle doit en être l’incarnation. 

 

Je m’emploierai par ailleurs à maintenir la cohésion qui existe entre les membres du Comité de gestion, laquelle constitue, pour moi, un facteur indispensable pour une gestion saine de cette université. Car comment peut-on faire œuvre commune et utile dans la suspicion, la médisance, et même la haine ? Cette cohésion exige que chaque membre soit suffisamment responsable de son secteur, et qu’il réponde auprès du Comité de gestion et du Recteur de ses prestations. Cette cohésion doit être doublée d’une sorte de dévotion vis-à-vis de notre Alma mater. 

 

Ces vertus, à savoir la cohésion et la dévotion, sont aussi à cultiver ou à entretenir auprès de tous les membres de la communauté universitaire. Je demande et rappellerai à chacun de nous, membres de cette communauté, d’intérioriser et de mettre en pratique ce beau précepte nous léguée par Mgr Luc Gillon : « Servir en actes, et en vérité ».  Oui, nous devons servir l’Université de Kinshasa et non pas nous en servir. Si nous servons tous cette université, celle-ci finira par devenir une grande institution à partir de laquelle nous aurons à satisfaire nos aspirations professionnelles, sociales, voire financières. Par contre, si nous nous évertuons et nous nous limitons à nous servir de l’université, celle-ci finira par disparaître ; et nous disparaîtrons alors avec elle. Nous aurons alors vécu pour rien ; nous n’aurons alors pas mérité d’être appelés les enfants de Dieu, qui nous a pourtant créés à son image.

 

Je termine par rassurer de notre volonté d’œuvrer avec détermination, pour la réhabilitation et la revitalisation de notre université. Et par demander à nos Autorités de tutelle de nous faire confiance, de nous faciliter la tâche et de nous donner les moyens de notre politique. Aux membres de la Communauté universitaire, nous sollicitons la confiance, la réappropriation de l’université, et l’émergence d’un milieu social où il fasse bon vivre, où le respect des uns et des autres est sacré, et seul le travail bien fait triomphe.

 

Je vous remercie de votre aimable attention.

 

Professeur Bernard LUTUTALA MUMPASI

Recteur de l’Université de Kinshasa

 



20/04/2013
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